Sale journée.

Il était dans une rogne noire. Et dire qu'elle était juste noire était un doux euphémisme. La colère qui submergeait son esprit touchait au tréfonds des ténèbres, à cet endroit où même le noir fait pâle figure à côté de cette couleur. Il leva pensivement sa chope de bière et la reposa violemment sur la table à laquelle il était assis, dans l'auberge des trois pendus. Le récipient eut un bruit caractéristique de cassure, laissant s'écouler rapidement le breuvage sur le bois crasseux de la table. Comment avait-il pu en arriver là ? Il le savait très bien. Tout d'abord, l'arnaque s'était lancée comme sur des roulettes. Un riche marchand ayant besoin d'équipage pour faire une traversée dangereuse, et assez crétin pour ne pas faire de différence entre un matelot de bonne famille et un malfrat de bas étage. Quatre compagnons se présentant de manière échelonnée pour éviter d'attirer les soupçons, et le tour était joué. Ajoutez à cela quelques membres d'équipages tentés par la piraterie et vous aviez une bonne base de départ.

Tout était allé pour le mieux : une fois au large, il avait suffi que leur "cuisinier" attitré déclenche un feu à bord pour que tout le monde se précipite à gauche et à droite. Bien entendu, le riche marchand qui se vantait d'être un capitaine émérite n'avait pas compris pourquoi ses tripes se retrouvaient soudain à peindre le pont du navire en rouge. Un vrai succès, ce coup. Discret et assez puissant pour déchirer la chair flasque d'un seul coup. Les autres avaient vite compris que leur intérêt était de partager le butin plutôt que faire de la résistance. D'ailleurs, il y en avait assez pour tout le monde. Et bien assez pour se payer assez de soirées avec les putains du port pour ne plus voir le jour pendant un bon moment. Il aimait bien la petite rousse aux yeux verts... Un véritable bijou : elle jouait les prudes mais connaissait son affaire mieux que quiconque. Et son affaire, elle la lui avait faite durant toute une longue nuit, jouant avec lui à qui épuiserait l'autre assez longtemps pour lui faire crier grace. Quelle affaire, il en avait encore des frissons au creux des reins...

Sauf que, bien entendu, la petite ne savait pas garder sa langue dans sa poche pour autre chose que lui faire du bien. Deux jours. Deux jours seulement il avait pu garder sa fortune durement gagnée. A un contre quatre, que faire ? Il avait bien tenté quelque chose contre les soi-disant "frères" de la catain. Il était même presque arrivé à les tenir à distance, jusqu'à ce qu'un billot gros comme une baleine le frappe entre les deux yeux. Il se demandait encore pourquoi ils ne l'avaient pas tué, il l'aurait fait à leur place. Une sourde envie de vengeance lui tenaillait les entrailles, mais pour cela il devait se refaire. Les affreux lui avaient juste laissé ses vêtements et un vieux poignard usé jusqu'à la corde. Sa dague affutée comme un rasoir, disparue. Son couteau de lancer qu'il gardait dans sa manche, disparu. Et son TRESOR, DISPARU !

Oui, il devait se refaire ! récupérer assez d'argent pour aller trouver le marchand d'armes du coin et se refaire un arsenal. Et là... Les frangins de la rouquine comprendraient leur erreur, comprendraient pourquoi il est mauvais de laisser un homme en position de se venger. Quant à la rouquine, il allait passer un sacré bout de temps avec elle. Et cette fois-là, il ne paierait pas, ça non ! Bien au contraire, c'est elle qui se débrouillerait pour lui donner tout...et même plus.

Envoyant valser sa chope de la table, il jeta un regard glacial dans la salle. Un adepte pour une nouvelle boutonnière ? Pourquoi pas ? Même ébréchée, une lame restait une lame. Et il comptait bien s'en servir, à moins qu'une autre opportunité ne se présente. On ne trahit pas Djayke Lévantar sans en payer les conséquences.

L'ombre frêle de la guerrière suit le sentier de la nuit.
Elle peut se cacher, agir furtivement sans être repéré par ses ennemis et frapper au moment opportun.
Extrêmement rusé, extraordinairement sournoise et d'une exquise méchanceté.
Personne ne connait les détails de son sombre passé.
Dans les ténèbres obscurs d’une nuit sans étoiles, le vent soufflait de plus en plus fort à l’approche d’une tempête qui allait balayer d’ici quelques heures l’ensemble des villages côtiers.
Depuis plus d’une heure, tous les commerçants à l’exception des aubergistes et des taverniers avaient fermé leurs échoppes et sur le port, les derniers bateaux accostaient en toute hâte. Un premier orage éclata soudainement au large.
L’éclair transperça les nombreux nuages qui s’amoncelaient dans le ciel et alla se perdre à l’horizon dans l’écume des vagues de la mer qui s’agitaient furieusement. La nuit s’annonçait terrible.
Texas poussa la porte de la taverne qui semblais à l'image du quartier sale sombre et puante.
Une chopine roula sur ses pied au moment ou elle traversait la sale.
Le regard glacial qu'elle croisa la laissa de marbre. Mais avec son caractère belliqueux elle ne pu s'empêcher de défier l'homme du regard.

Il devait être en plein rêve. Non seulement on soutenait son regard, mais, en plus, on le défiait ouvertement ? Une femme en plus. Elle avait l'air de sortir tout droit des jupes de sa mère, celle-là. Jolie, mais il n'en avait cure pour le moment. Qu'une femme aussi jeune puisse oser le défier du regard le mettait hors de lui. Brusquement, il se leva et réduisit l'espace les séparant à grandes enjambées, le poignard ébréché bien en évidence à son côté. S'arrêtant à quelques pas d'elle, il la jaugea ouvertement du regard, prenant un soin tout particulier à détailler ses formes tout juste cachées par ses vêtements, un air légèrement méprisant sur le visage. Replongeant directement son regard dans celui de la jeune femme, il lui lança d'un ton faussement amusé :

" Alors là, c'est vraiment pas le jour pour me gonfler, gamine. C'est un endroit dangereux ici, on peut y faire de mauvaises rencontres si tu vois ce que je veux dire. Tu ferais mieux de retourner sous les jupes de ta mère avant qu'il ne t'arrive des ennuis. Mais si tu es aussi suicidaire que je le pense, on peut régler ce petit problème dehors... ou dans une chambre à l'étage, à ta guise. "

Il fronça légèrement les sourcils. Quelque chose n'allait pas. Peut-être était-ce dû au fait que la salle soit soudain silencieuse, attendant que quelque chose se passe ? Il n'aimait pas l'air qu'elle avait en le regardant. Elle était sure d'elle. Et ça ne signifiait qu'une chose : elle savait ce qu'elle faisait et n'était nullement impressionnée. Il fallait que ça change ou il arriverait effectivement quelque chose, et pas des plus agréables.

Le capitaine du Raimbone Warrior n'étais pas à sa première confrontation avec des boucaniers. Et même si il la dépassait d'une bonne tête elle n'aurais pas reculé pour autant, le laissant la détailler sous toute les coutures impassible.
Le silence lourd qui c'était instaure dans la salle n'échappa pas au guerrier si sur de lui quelques instant plus tôt.Tout sourire s’effaça aussitôt de son visage. Il comprit que elle n’était pas là pour plaisanter.
Se levant sur la pointe des pied pour être plus prêt de son visage et le narguer par la même occasion...

-C'est avec ce cure-dent que tu pense me faire peur !!? Et laisse les mort là ou ils sont...on peut régler ce petit problème ici et maintenant !! Dit-elle en singent la voix du guerrier.
Tu veut parler affaires ? Eh bien soit, parlons affaires.
* Ici ou ailler ton sort va vite être réglé*

Texas avança en l'obligent a reculer jusqu'à la table, le poussa assez violemment pour le faire assoir sur la chaise qu' il occupais juste avant leur confrontation puis s’adossa sur la chaise en face de lui satisfaite de l’intérêt que prenait désormais le tour de la conversation.

- Avant de parler, j’ai besoin de te connaitre un peu mieux. De voir ce que tu vaut réellement sur les mers.

Il était dans de sales draps. Il l'avait senti au sens propre comme au figuré : elle s'était approchée au plus près de lui, prenant la peine de se mettre sur la pointe des pieds pour mieux le défier du regard. Une odeur métallique avait alors assailli ses sens, éclairant un véritable feu d'artifice dans son esprit. S'il voulait rester en vie, il allait devoir faire profil bas...pour l'instant. Cette jeune femme était imprégnée par l'odeur du sang. Cela ne signifiait qu'une chose aux yeux du pirate : elle sentait la mort. Un frisson parcourut sa colonne, à la vitesse de l'adrénaline noyant son corps. Etrangement, cette sensation de mort imminente le rendait presque euphorique. La férocité se dégageant du visage aux traits fins de la gamine lui donna un nouveau frisson, d'excitation celui-là. Une partie de son esprit lui conseilla de laisser ses pulsions de côté s'il ne voulait pas finir au fond du port, aussi l'écouta-t-elle et se contenta-t-il de lui lancer un regard à la hauteur de ses sensations.

Il allait ouvrir la bouche lorsqu'elle s'avança brusquement, le forçant à reculer... et il put goûter à la force physique de la jeune femme. Son dos heurta le dossier de sa chaîse, lui arrachant un léger froncement de sourcils. Il allait falloir la jouer en diplomatie, il n'était visiblement pas de taille face à elle. D'un geste lent, sans pour autant quitter du regard cette femme dangereusement attirante, il prit sa chope ébréchée et but une gorgée, plus pour se redonner confiance qu'autre chose. Le ton qu'il adopta garda une légère trace de rancoeur, vite étouffée par la pointe de respect pour elle, qui naissait doucement en lui :

" Hum... Parler affaire. Je n'étais pas vraiment venu pour ça. Mais soit... Disons que j'ai eu l'occasion de m'offrir une petite fortune en utilisant quelques petits trucs de mon invention. Si tu as entendu parler des trois navires marchands qui ont disparu sans laisser de traces le mois dernier, sache que c'est de mon fait. Et de quelques compagnons, cela va de soi. J'ai trouvé un moyen assez efficace et discret de m'occuper des richesses de ces fruits qui dorment dans le port et n'attendent qu'à être cueillis. Je pourrais t'en dire plus, mais je n'aime pas les oreilles qui trainent dans cette auberge. Nous pourrions en discuter dans un coin plus discret, avec ton physique je pense que tu pourrais être très efficace... Je pense avoir un rôle tout trouvé pour toi. "

Il laissa délibérément descendre son regard sur le corps de Texas, avant de lui lancer un regard de défi. Elle était dangereuse, oui. Mais elle ne voulait pas le tuer : elle l'aurait déjà fait si cela avait été le cas... du moins le supposait-il.

Les coudes sur la table, les mains sous le menton elle afficha un grand sourire. Puis son regard parcouru la salle avant de se poser a nouveau sur le boucanier.

-Des oreilles indiscrètes ici ? ... Son sourire s'élargit. Il n'y a que des gentleman ...
Les navires marchand sa disparais tous les jours, qui me prouve que tu en est a l'origine? et en quoi mon physique pourrais jouer un rôle efficace ? je n'ai pas besoin de me servir de mes atour pour obtenir ce que je veut ... mon sabre parle pur moi !!

Il y avait beaucoup de monde et des yeux tournés vers elle, les femmes lui jetant des regards courroucés ou méprisants, les hommes la déshabillaient du regard.
Elle avais l'habitude de ces regard au quels elle ne donnais pas suite et repoussais les avances, plus ou moins brutalement sans laisser le moindre espoir.
Mais le guerrier l'intriguais, il la défiais et elle ne reculais devant aucun défi.